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Saint-Agnan-en-Vercors

Plaque commémorative

Marie-Jeanne Bordat perd son premier mari dans un naufrage au début de la Grande Guerre. Possédant un petit manège, elle anime les vogues. Elle se remarie à 22 ans avec Jules Bordat. Gazé lors de la même guerre. Son état de santé nécessitant un séjour en montagne, ils décident, en 1934 de s'installer au Col de Rousset. Il rachètent un vieux wagon aux voies ferrées départementales, le font monter sur roues pneumatiques et le hissent à la station du Col de Rousset où ils le transforment en bar. Ils s'étendent ensuite dans un petit chalet leur permettant de recevoir les clients de l'auberge. En... Lire plus

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Informations

Coordonnées

Adresse : Station du Col de Rousset, sur le muret de l'hôtel, en face de l'aire de jeux , 26420 Saint-Agnan-en-Vercors
Coordonnées GPS : 44.839644 , 5.405728
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  • Plaque commémorative
  • Maquis
  • Résistance civile
  • Persécution
  • Drôme
Description complète du lieu

Marie-Jeanne Bordat perd son premier mari dans un naufrage au début de la Grande Guerre. Possédant un petit manège, elle anime les vogues. Elle se remarie à 22 ans avec Jules Bordat. Gazé lors de la même guerre. Son état de santé nécessitant un séjour en montagne, ils décident, en 1934 de s'installer au Col de Rousset. Il rachètent un vieux wagon aux voies ferrées départementales, le font monter sur roues pneumatiques et le hissent à la station du Col de Rousset où ils le transforment en bar. Ils s'étendent ensuite dans un petit chalet leur permettant de recevoir les clients de l'auberge. En parallèle, Jules Bordat récolte des plantes médicinales qu'ils revend à un herboriste de Romans.

En 1939, la guerre éclate et dès 1943, les maquis s'installent dans le massif du Vercors. Des jeunes afflueront notamment après le 6 juin 1944, jour du débarquement en Normandie. En quelques jours, on passe de 400 résistants à près de 4000. Les difficultés pour se nourrir dans les maquis sont grandes. La nourriture est récupérée dans les fermes du massif et plus rarement dans les réserves ennemis ou les usines environnantes.

Marie-Jeanne Bordat devient la "mémé Bordat" des maquisards en les nourrissant et les hébergant plusieurs jours voir même plusieurs mois avant qu'ils ne rejoignent les maquis. Connaissant bien les paysans des environs, elle fait la tournée des exploitations pour récupérer lait, beurre, animaux. Mais la production agricole étant limitée, elle va également chercher des denrées plus loin. Elle leur confectionne des pots au feu accompagnés de pommes de terres et achète quelques fois un agneau, qu'elle monte sur ses épaules jusqu'à la station. On raconte aussi que sa chienne Loulette faisait l’agent de liaison entre elle et les responsables des maquis. Cela fait peut-être partie de la légende !

L'hiver 1943, elle part à Romans pour trouver vingt paires de chaussures à la demande des chefs du maquis dont les recrues ne possèdent que des sandales. Robert Pissère, alors intendant des FTP du Dios et qui deviendra, le 14 juillet 1944, sous-préfet de Die, qui lui prête sa voiture pour les remonter à la station. Vers Romeyer, la voiture est arrêtée par la Gestapo qui après une fouille rapide, ne découvre pas les chaussures cachées dans un corbeille en osier remplie de linge qu'elle prétend devoir porter à une vieille dame malade. Une nouvelle alerte plus loin, l'oblige à cacher les chaussures dans le fumier d'une étable où les maquisards viendront les récupérer.

Marie-Jeanne Bordat jouait aussi le rôle de sentinelle, restant méfiante à l'égard des nouveaux venus pour éviter toute instrusion ou repérage des maquis par l'ennemi. Elle niait toujours connaître leur existance.

Le 16 avril 1944, cinq cars de miliciens et GMR venus de Lyon incendient le chalet et le wagon des Bordat. Il torturent Marie-Jeanne Bordat pour connaître l'emplacement des maquis et décident finalement, après l'avoir, entre autres, traînée sur la route, de l'enmener à Vassieux où ils la retienne trois semaines durant. Mémé Bordat et son mari sont traduits devant un tribunal qui les condamne à mort. Ils sont finalement graciés suite à l'intervention de l'abbé Gagnol et du docteur Guérin mais leurs sévices se poursuivent. Ils sont roués de coups et jettés dans un buisson pendant que le pharmacien Doucin, le facteur Ézingeard et le paysan Paul Mially sont fusillés. Mémé Bordat restera, à la suite de cet évènement, une quinzaine de jours chez Mme Eynard à Vassieux.

Malgré ces douloureux moments, les Bordat continuent, comme ils le peuvent, à ravitailler le maquis. Le 21 juillet 1944, la maison où elle s'est réfugiée à Vassieux, est incendiée comme beaucoup d'autres. Blessée au fémur par une balle, elle mettra 5 jours pour rejoindre Saint-Julien-en-Quint.

En 1958, la médaille militaire lui est décernée ainsi que de nombreuses autres décorations à diverses dates: la croix de guerre avec palme, la citation à l'ordre de la nation, la croix du Combattant Volontaire de la Résistance et la carte du Combattant.

Sa maison est reconstruite après guerre et agrandie de quelques chambres. Elle reprend son rôle d'hotesse pour les touristes dans une station en développement pour ensuite tenir un petit commerce de cartes postales et souvenirs jusqu'à plus de 80 ans. Jules Bordat meurt en mars 1953, Marie-Jeanne s'éteindra en 1976.

Source: Musée de la résistance en ligne

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